La culture comme condition de notre humanisation ?
Notre humanité est-elle innée ou est-elle le résultat d'une histoire ? Naît-on humain ou doit-on devenir humain ? L'homme développerait-il les capacités et les habitudes qui le caractérisent s'il n'était pas en contact avec d'autres hommes ? Quel est l'apport exact de la société et de la culture dans notre humanisation ?François TRUFFAUT, L'enfant sauvage (1969) |
|
Extrait : l'examen médical de Victor (confrontation entre Pinel et Itard)
|
Karl Von Frisch et les "danses" des abeilles : un exemple de communication animale
Voici le lien qui vous permettra d'accéder à la vidéo sur le site de l'INA :
http://www.ina.fr/video/VDD09005660
N.B. : la vidéo parle du "langage" des abeilles... L'intitulé est fautif : en effet, un certain nombre de critères permettent de distinguer "langage" (humain) et "communication" (animale). Le langage suppose notamment une souplesse adaptative dans l'usage des signes. Inversement, le système de communication de l'animal fonctionne par signaux et manifeste une certaine rigidité.
http://www.ina.fr/video/VDD09005660
N.B. : la vidéo parle du "langage" des abeilles... L'intitulé est fautif : en effet, un certain nombre de critères permettent de distinguer "langage" (humain) et "communication" (animale). Le langage suppose notamment une souplesse adaptative dans l'usage des signes. Inversement, le système de communication de l'animal fonctionne par signaux et manifeste une certaine rigidité.
Bienvenue à Gattaca et la question du déterminisme génétique
|
L'eugénisme : l'individu est-il entièrement déterminé par ses gènes ?
Y a-t-il un gène pour tout (pour l'alcoolisme, pour la violence...) ? À mettre en lien avec la critique sartrienne de l'idée de "nature humaine" : L'homme ne possède pas de "nature" prédéfinie mais doit se définir lui-même par ses actes. Vincent Freeman (Bienvenue à Gattaca) : la lutte de la liberté contre les déterminismes Dans le film, le personnage de Vincent Freeman ("l'homme libre"), joué par Ethan Hawke, incarne la force de la volonté contre les déterminismes (biologiques, sociaux...) qui l'accablent. Bien que doté d'un génome imparfait, il se définit par son "projet" existentiel (partir dans l'espace) et par les actes qu'il entreprend pour le mener à bien. Il est la preuve que l'homme ne se réduit pas à ce que ses gènes font de lui : il peut décider lui-même de ce qu'il veut être en transcendant ses propres faiblesses physiques. Comme l'illustre cette scène du film dans laquelle Vincent (né naturellement) affronte son frère dont l'ADN a été programmé avant la naissance afin de le rendre plus performant. Cette lutte de l'homme contre la nature (la mer déchaînée) devenant un symbole de la lutte de l'homme contre sa nature (ensemble des prédispositions génétiques et biologiques qu'il n'a pas choisies mais contre lesquelles il peut se définir). |
|
Claude Lévi-Strauss : qu'est-ce que l'ethnologie ?
Dans cet entretien, Claude Lévi-Strauss définit l'ethnologie comme une tentative pour comprendre l'homme en élargissant notre perspective au-delà des limites de notre simple culture.
Il s'agit ainsi de comprendre l'homme "par la totalité de ses expériences et de ses réalisations". En nous montrant qu'il y a d'autres pratiques, d'autres valeurs, d'autres croyances... à l'œuvre dans d'autres cultures, l'ethnologie nous invite à cultiver une certaine modestie. C'est parce que nous ignorons l'existence d'autres cultures que nous avons tendance à considérer nos habitudes et nos idées pour les seules valables. Mais mieux encore, l'ethnologie est une façon de se comprendre soi-même grâce à l'autre : "Nous ne pouvons pas essayer de comprendre notre sagesse sans la mettre en perspective avec les autres sagesses" La rencontre de l'altérité nous permet d'interroger la légitimité et la signification de nos propres pratiques. Sur ce point, voir la démarche de Montaigne dans le texte "Sur les cannibales" (Essais, I, 31). |
Existe-t-il des valeurs universelles permettant de juger objectivement des autres cultures ?
Karl Marx et la critique des Droits de l'homme (dans Sur "La Question juive")
« Constatons avant tout le fait que les "droits de l'homme", distincts des "droits du citoyen", ne sont rien d'autre que les droits du membre de la société bourgeoise, c'est-à-dire de l'homme égoïste, de l'homme séparé de l'homme et de la communauté. La Constitution la plus radicale, celle de 1793, a beau dire "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Art. 2. : Ces droits (les droits naturels et imprescriptibles) sont : l'égalité, la liberté, la sûreté, la propriété."
En quoi consiste la "liberté"? "Art. 6. La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui." Ou encore, d'après la Déclaration des droits de l'homme de 1791, "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui." La liberté est donc le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Les limites dans lesquelles chacun peut se mouvoir sans nuire à autrui sont marquées par la loi, de même que la limite de deux champs est déterminée par un piquet. Il s'agit de la liberté de l'homme considéré comme monade isolée, repliée sur elle-même. L'application pratique du droit de liberté, c'est le droit de propriété privée. Mais en quoi consiste ce dernier droit ? "Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie." (Constitution de 1793, art. 16.) Le droit de propriété est donc le droit de jouir de sa fortune et d'en disposer "à son gré", sans se soucier des autres hommes, indépendamment de la société ; c'est le droit de l'égoïsme. C'est cette liberté individuelle, avec son application, qui forme la base de la société bourgeoise. Elle fait voir à chaque homme, dans un autre homme, non pas la réalisation, mais plutôt la limitation de sa liberté. Elle proclame avant tout le droit "de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie". Aucun des prétendus droits de l'homme ne dépasse donc l'homme égoïste, l'homme en tant que membre de la société bourgeoise, c'est-à- dire un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son intérêt personnel et obéissant à son arbitraire privé. L'homme est loin d'y être considéré comme un être générique ; tout au contraire, la vie générique elle-même, la société, apparaît comme un cadre extérieur à l'individu, comme une limitation de son indépendance originelle. Le seul lien qui les unisse, c'est la nécessité naturelle, le besoin et l'intérêt privé, la conservation de leurs propriétés et de leur personne égoïste. » |